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30 juin 2009 2 30 /06 /juin /2009 20:06
l'entretien des illusions.


La  "Transcaraïbes"  2009: 18 voiliers( 6 catamarans et 12 monocoques) 1350 nm de navigation soit près de 2500 km pour rallier Cuba depuis la Guadeloupe, via St.Martin, la république Dominicaine, Haiti et Jamaica.Évènement remarquablement orchestré par notre organisateur et ami Stéphane L. Arrivée à Cienfuegos le 27 avril 2009, formalités d'entrée simplifiées dans le cadre de la Transcaraibes, 5 administrations d'état contrôlent chaque voilier, normalement, mise sous scellés de tout matériel de communication et positionnement!! fouille, contrôle sanitaire, chien renifleur etc...et à toute sortie de la marina, vérification des sacs à dos ou à main... Ensuite « Parade des participants, » filmée par la télé Cubaine, puis réception en grande pompe au Yacht Club danseuses cubaines et traditionnels discours des autorités après quoi: repas d'accueil : « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil ». 

 

Vient ensuite le temps des visites « encadrées » dans des cars climatisés des agences de voyage ( Cubanacan ou Havanatour etc..)pour touristes (les locaux laissent passer les cars quasiment vides car trop chers pour s'entasser dans des espèces de bétaillères, et souvent debout . Trinidad, La Habana ...visite guidées des sites autorisés: fabrication de cigares avec magasins attenants,monuments historiques de l'ère hispanique restaurés par les fonds étrangers!! Visite du Palais présidentiel de 1920 à 1959, devenu musée de la révolution où il est rappelé qu'en 1956 une bande d'étudiants l'attaquère pour renverser la dictature de Fulgencio Batista. L'architecture de l'ancien centre Gallego (1912) devenu théatre de la Havane. Une foule de monuments hérités d'avant la révolution forme le patrimoine de Cuba, car les panneaux vantant les mérites révolutionnaires à l'effigie de Fidel, Che, et même Chavez placardés partout en ville, dans les campagnes, le long des routes, montrent bien une sérieuse misère culturelle.
Nous logeons pour une nuit dans un Hotel 5 étoiles réservé aux touristes bien que les guides n'hésitent pas à vanter le coté partage de joies naturelles fascinant ceux qui viennent à la rencontre des Cubains...j'ai essayé! Ainsi un Cubain m'a expliqué qu'il avait purgé un an de prison pour avoir vendu illégalement une boîte de cigares à un touriste..
 Je suis un peu exaspéré par cette arnaque d'état de monnaie parallèle, le « CUC »ou peso convertible inventé pour ne pas mélanger Cubain et étranger ,il fallait y penser! : Le peso cubain nous est interdit (1€=36 pesos cubains soit: 1,25 CUC) nous devons tout payer en CUC, aussi la vie à Cuba devient aussi chère qu'en Europe (voir plus, par exemple, la location d'une petite voiture revient à environ 50€ par jour alors que le salaire moyen est d'environ 15€ par mois ?).Nous n'avons pas accès aux magasins d'état (ça tombe bien, les étagères sont quasiment vides!) l'entrée dans un restaurant refusée car les places sont réservées aux travailleurs le midi « revenez à 15h!!! ». Décidé à visiter l'île, route vers Vinales et Pinar de Rio, logé en « Casa particulare », il est intéressant de voir que seuls , ceux affichant le sigle locatif d'état, sont habilités à recevoir des étrangers

(formalités de contrôle identitaire obligées, et paiement d'une redevance à l'état très conséquente).Premiers réels contacts avec une population déjà triée, mais au fil des jours et sans témoin, un dialogue s'installe doucement, ainsi un planteur de tabac explique que 90% de la production va directement à l'état, le reste devant servir à payer le personnel et faire tourner la ferme... les mots sont toujours un peu masqués, la crainte réelle de la délation plane en permanance. La vallée de Vinales avec ses formations karstiques en formes de cône appelés « mogotes » et ses palmiers géants (en hauteur) forment un site naturel très beau, où un artiste Cubain (Leovigildo Gonzalez) à réalisé une fresque naïve de 180m de large par 120m de hauteur représentant l'histoire du monde depuis les dinosaures jusqu'à nos jours, le tout d'un goût plus que douteux.
Le 1er Mai, nous sommes sollicités pour défiler dans la grande manifestation de rue à Cienfuegos, où des dizaines de milliers de personnes marchent àgrands renforts de « Viva Cuba libre » et « libertad » difficile de leur expliquer
que ce mot n'a à nos yeux, aucune signification dans ce contexte. J'y suis , pavillon français oblige mais très perplexe.

Dimanche 10 mai, appareillage pour les « jardins de la reine » en compagnie de « sweet life » Edouard et Jean Marie, deux solides marins normands et le frêle Gérard sur « Betty Boop ».Un grand moment de navigation, une étendue de 400 km de longueur par 80 km de large et une profondeur moyenne de 20 m, une immense réserve de langoustes et poissons, fermée au sud par une barrière naturelle de coraux. Escale au mouillage à l'île déserte de Cayo Cuervo, nous dégustons les langoustes pêchées du jour à bord de « Sweet life » puis je réintègre de nuit sans lune mon bord avec l'annexe, après avoir laissé passer la série d'orages du soir. Ma surprise est grande de constater que l'annexe s'échoue avant d'atteindre « emrener ». Les rafales de vent ont eu raison de la tenue à l'ancre. Je suis échoué en bordure de mangrove faisant ainsi le tour du bateau à pied. Je dispose 3 lignes de mouillage supplémentaires avec l'annexe pour empêcher l'Ovni de continuer à monter sur la mangrove. Le déséchouage ne se faisant qu'au matin après avoir fait un relevé des sondes, pour permette de déterminer l'approche de « sweet life » qui avec l'inertie de ses 20 tonnes, me sort sans difficulté à la deuxième tentative. Un grand merci aux pros de la mer. Le jeudi 14 mai, mouillage et plongée à Cayo Manuel Gomez, au menu langoustes, je capture une tortue de mer et après un quart d'heure de jeu, je la libère sereine, un bisou sur le bec. Nous faisons connaissance de pêcheurs Cubains, vivant à 5 sur un bateau propriété de l'état, en ferro-ciment de 20 ans d'age, d'environ 10m de long pour un mois de pêche et 2 semaines de repos pour un salaire de 40€ par mois.

Les conditions de vie à bord se rapprochent de celles des marins bretons d'il y a 60 ans. Leur étonnement devant un bateau de plaisance !!! levés très tôt, ils me ramènent 3 énormes langoustes comme cadeau d'adieu lors de l'appareillage. Là aussi discutions sur l'avenir, il est difficile de laisser un régime politique agir de la sorte. Dimanche 17, mouillage à Cabo Cruz, interdiction de mettre pied à terre par les représentants de l'état sous le motif qu'un port de pêche n'est pas une marina ?? alors route sur Maréa del Portillo, même problème, en plus les autorités me confisquent le permis de circulation!! pour être bien certain que je ne débarque pas!. Enfin mercredi 20, accostage à Santiago de Cuba, lieu de sortie pour les formalités. Un tour à Santiago dans une Chevrolet de 1950, quasiment mon âge mais en moins bon état, car avec l'embargo américain, c'est la débrouille qui remplace les pièces de rechange, nos technocrates français du contrôle technique s'arracheraient ici les cheveux: pas de freins sérieux, 3 cylindres sur 6 fonctionnent encore, descentes en roulette mais le tout dans une bonne humeur. Je suis content de quitter Cuba, car lassé d'être pris en otage et raquetté par ce système politique qui ose parler à son peuple de liberté. Ceci dit, il ne faut pas boycotter les Cubains; ils sont chaleureux et victimes. Tous leurs espoirs se fondent sur la fin d'un régime communiste dépassé et représenté par des fossiles, qui malheureusement se cramponnent.
 Le remplacement de Fidel par Raul Castro (77ans) qui tente d'entreprendre quelques réformes comme la fin de l'égalitarisme salarial, de la réforme agricole ! Et la liberté d'achat de portables et ordinateurs (un jeune m'expliquait que les portables n'ont pas accès à l'international ?), bref quelques espoirs de liberté semblaient faire surface, quand j'apprends le limogeage à la Stalinienne du vice-président Carlos Lage et du ministre des
affaires étrangères Felipe Perez Roque. Je crains fort que l'équipe de Barak Obama et d'Hillary Clinton aient du mal à faire venir Cuba dans l'OEA (organisation des états américains), alors que les USA proposent la levée depuis 1962 contre Cuba. Les vieux orthodoxes du PC Cubain craignent sans doute cette ouverture comme leur condamnation à court terme, se sentant déstabilises par la main tendue d 'Obama à rejoindre l'OEA. Ça me rappelle mon expérience au Vietnam (pour le compte des « Abeilles international ») avant, pendant et après la levée de l'embargo américain, où j'ai pu observer la mutation rapide des cadres communistes vers une exploitation personnelle de l'ouverture... Les USD n'auront pas plus d'âme à Cuba qu'au Vietnam.
Viva la Libertad


Mounès Yvon

 

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commentaires

C
<br /> Viva Cuba libre ... con Hielo.<br /> <br /> Entierement d'accord avec ton analyse sur Cuba ; c'est la réalité... et Claudine trouve les photos pas mal.<br /> <br /> Amitiés et bisous<br /> <br /> <br />
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